Avertissement : Changement de fournisseur d'accès Internet : ce site est abandonné et n'est plus mis à jour. Pour accéder à la version actuelle , cliquer ici
|
Les moutons, la maladie du charbon, les champs maudits
Vers 1880, les troupeaux de moutons, nombreux dans la région, sont décimés par la maladie du charbon (aussi appelée anthrax aujourd'hui, du Grec anthraxis = charbon) : les animaux ont une forte fièvre, leur sang devient incoagulable et tout noir (comme du charbon, d'où le nom de la maladie) et finissent par mourir d'une infection généralisée (septicémie). On enterre leurs cadavres dans les champs où ils sont morts; on y remet à paître des moutons sains, ceux-ci mangent l'herbe contaminée par les réjections des vers de terre qui se sont nourris des cadavres ; ils attrapent donc le charbon à leur tour, ils en meurent, on les enterre dans les champs, et le cycle infernal continue... Pour tout le monde, ces champs sont maudits.
[Le site du CHU de Limoges en dit plus sur cette maladie : cliquer ici pour y accéder]
Louis Pasteur, biologiste né à Dole en 1822, a travaillé sur le sujet, après des recherches fructueuses sur le choléra des poules. Il a observé les microbes responsables de l'infection et a découvert qu'une contamination par des bacilles affaiblis provoquait une forme bénigne de la maladie, qui rendait les sujets résistants aux microbes vigoureux. Il suggère donc que l'on injecte aux moutons des microbes du charbon atténués, pour les protéger de la maladie : c'est la vaccination.
L'expérimentation par le docteur Rossignol : mai-juin 1881
Le vétérinaire melunais Hippolyte Rossignol (un quai de Melun
porte son nom) était au départ très critique sur les thèses
de Pasteur. N'écrivait-il pas encore le 31 janvier 1881 dans La Presse
Vétérinaire : "Voulez-vous du microbe, on en a mis
partout. La microbiâtrie est aujourd'hui tout à fait à la
mode, elle règne en souveraine, c'est une doctrine qu'on ne discute pas,
on doit l'admettre sans réplique, du moment surtout que son grand prêtre,
le savant Pasteur, a prononcé le mot sacramentel : J'ai dit. Le microbe
seul est et doit être la caractéristique d'une maladie; c'est entendu
et convenu, désormais la théorie des germes doit l'emporter sur
la clinique pure; le microbe seul est éternellement vrai, et Pasteur
est son prophète".
Il propose néanmoins que sa ferme de Pouilly le Fort (aujourd'hui propriété
municipale, le Clos Pasteur) serve de terrain d'expérimentation
à grande échelle de ce qui n'est encore qu'hypothèse du
laboratoire de l'Ecole Vétérinaire d'Alfort. Le baron de La Rochette,
président de la Société d'Agriculture de Melun, signe avec
les organisateurs une convention précisant que :
1. La Société met à disposition de M. Pasteur 60 moutons;
2. Dix de ces moutons ne subiront aucun traitement;
3. On vaccinera 25 de ces moutons, en deux fois à 12 jours d'intervalle;
4. Après un nouveau délai de 12 jours, on inoculera à ces
25 moutons, et à 25 autres non vaccinés, le microbe du charbon
dans sa forme virulente (non affaiblie). On observera ensuite les résultats.
Pasteur veut une démonstration éclatante, et fait de la vaccination un événement scientifique et mondain : quantité de personnalités de la science, de la politique, des arts sont conviées à assister à la première vaccination, qui a lieu le 5 mai 1881. L'inoculation du microbe actif aux deux groupes de 25 a donc lieu 24 jours après, et les premiers résultats sont visibles dès le 2 juin : les moutons vaccinés sont indemnes, les autres sont gravement atteints par la maladie, et en sont morts ou vont en mourir.
Les résultats et les conclusions C'est un triomphe pour Pasteur, qui avait encore beaucoup de détracteurs dans le monde des sciences de son temps. On lira par exemple dans La Revue scientifique, cet éloge de pur style pompier : "Pouilly le Fort, aussi célèbre que tous les plus grands champs de bataille, où M. Pasteur, nouvel Apollon, n'a pas craint de lancer des oracles, plus certain du succès que ne pouvait l'être le dieu de la poésie". L'événement de Pouilly le Fort fut immortalisé par une statue du sculpteur André d'Houdain, érigée en 1897 sur le boulevard Victor-Hugo à Melun. Cette statue comportant beaucoup de bronze fut fondue par l'occupant pendant la 2e guerre mondiale. Il n'en subsiste qu'une maquette, que nos visiteurs peuvent admirer dans le hall d'accueil de notre école-musée.
|
|
|
Cela met en confiance Louis Pasteur et ses disciples, et c'est ainsi qu'il mènera à bien, avec Chamberland et Roux, la mise au point du vaccin contre la rage, auquel il doit une grande part de sa célébrité. Mais ceci est une autre histoire, plus connue dans les écoles grâce aux images pédagogiques qui l'évoquent (ci-contre : tableau "Rossignol" montrant la première vaccination antirabique sur un humain, le petit Joseph Meister, en Alsace). .Effet secondaire de ces expériences de Pouilly le Fort : l'école du hameau, alors proche du lieu des expériences, fut reconstruite sur son emplacement actuel (notre Maison d'Ecole), à l'autre bout de l'agglomération, par principe de précaution sanitaire, en 1891...
|
Bibliographie sommaire :
Parmi les nombreuses publications de 1995 (année du centenaire
de la mort de Pasteur), nous avons largement utilisé, pour leurs qualités
de sérieux scientifique et de lisibilité par des non-spécialistes
:
Daniel Raichvarg : Louis Pasteur, l'empire des microbes (Découvertes
Gallimard/Sciences, Paris 1995)
OKAPI n°553 du 24/12/1994 (Bayard Presse Jeune)
et en outre
La République de Seine et Marne du 27/09/1999 (informations
sur la statue).
A cette occasion, après un siècle de vénération inconditionnelle et unanime, des voix s'élèvent pour nuancer, voire contester le rôle et les méthodes de Pasteur dans toutes ces avancées de la science. La vérité objective n'est pas toujours facile à établir... (voir le site appelé par ce lien, à consulter avec l'esprit critique qui s'impose).
La Maison d'Ecole, Rue des Ecoles, Pouilly le Fort, 77240
Vert-Saint-Denis
Tél. : +33 1 64 52 52 72
Mise à jour :23/06/2007